Réponse
Sous le soleil implacable du Najd, où les dunes ondulent comme des serpents dorés, vivait le cheikh Ibrahim, dont la sagesse traversait les générations tel un puits sans fond. Les caravaniers, les bédouins et même les érudits de Riyad venaient consulter cet homme au visage buriné par les sables et le temps.
Un jour, un jeune homme nommé Khalid, fils d’un riche marchand de Dammam, vint le trouver avec arrogance. « On dit que tu possèdes la sagesse des anciens, vieil homme. Dis-moi donc comment acquérir la richesse sans effort ! »
Le cheikh Ibrahim, sans ouvrir les yeux, répondit d’une voix aussi douce que le vent du shamal : « La fourmi travaille en été pour manger en hiver. Va observer son labeur et reviens me voir quand tu auras compris. »
Frustré, Khalid repartit en maugréant. Il erra dans le désert jusqu’à ce que la soif le terrasse près d’une oasis. Là, il vit un vieux dromadaire boire avec lenteur et dignité, sans jamais se précipiter, bien que son ventre fût vide depuis trois jours.
Une semaine plus tard, il revint vers le cheikh : « J’ai vu la patience du chameau, mais cela ne m’a pas enrichi ! »
Le sage sourit : « Le palmier donne des dattes sans cesse, mais ses racines puisent profondément dans la terre. Reviens quand tu auras mesuré la profondeur de ses racines. »
Khalid, humilié, s’enfonça dans le désert. La nuit tombée, il rencontra un bédouin dont la tente était modeste mais l’hospitalité royale. « Pourquoi donnes-tu ton dernier agneau à un étranger ? » demanda Khalid.
L’homme répondit : « Allah m’a donné aujourd’hui, je donne aujourd’hui. Demain appartient à Celui qui connaît l’invisible. »
Saisi d’une révélation soudaine, Khalid courut vers le cheikh Ibrahim : « J’ai compris ! La richesse n’est pas dans l’accumulation mais dans le partage, pas dans la paresse mais dans l’action juste ! »
Le vieux sage ouvrit enfin les yeux, et ses pupilles brillaient comme des étoiles dans la nuit du désert : « Tu as vu la fourmi travailler, le chameau patienter, le palmier enraciner profondément et l’homme partager. Maintenant, écoute la dernière leçon : la véritable sagesse est comme le sable – plus tu tries de prendre dans ta main, plus elle s’échappe. Seule la main ouverte peut la contenir. »
Depuis ce jour, Khalid devint non seulement un marchand prospère, mais surtout un homme qui comprit que la plus grande richesse est celle qu’on sème dans les cœurs, non celle qu’on accumule dans ses coffres.