Réponse
L’arrivée dans la cité des deux sanctuaires
Sous le soleil ardent de La Mecque, un marchand nommé Othman ibn Souleymane fit son entrée dans la cité bénie. Ses chameaux portaient non des épices ou des soieries, mais d’innombrables rouleaux de parchemins et des coffrets de bois de santal contenant les récits des terres lointaines. Son regard scrutateur embrassait la foule des pèlerins tandis qu’il installait son échoppe près du puits de Zamzam.
Les gens du Hijaz, intrigués par cet homme qui ne vendait que des histoires, s’assemblèrent autour de lui. « Ô voyageur, que proposes-tu en échange de tes récits ? » demanda l’imam de la mosquée sacrée. Othman répondit avec une sagesse qui semblait antérieure aux temps : « Je n’échange mes histoires que contre une promesse : celle de transmettre à votre tour ce que vous aurez entendu. »
La sagesse des anciens rois
Le premier récit qu’Othman partagea concernait le roi Salomon et la reine de Saba. Il décrivit avec une précision remarquable comment le monarque avait gouverné avec justice, écoutant même la plus humble des fourmis. « La véritable royauté, » disait Othman, « n’est pas dans le trône mais dans l’écoute des créatures d’Allah. »
Les marchands de la Mecque, habitués aux affaires terrestres, furent touchés par cette leçon. L’un d’eux, Abdulrahman, qui avait jusque-là mesuré sa réussite à l’aune de ses richesses, commença à redistribuer une partie de ses biens aux nécessiteurs.
L’Épreuve du désert
Alors que la lune brillait sur la Kaaba, Othman raconta l’histoire d’un jeune bédouin perdu dans les dunes du Rub al-Khali. Affamé et assoiffé, le jeune homme avait trouvé un oasis miraculeux où poussaient des dattiers aux fruits plus sucrés que le miel. Mais lorsqu’il voulut emporter des provisions, les palmiers lui murmurèrent : « Prends seulement ce dont tu as besoin, car la générosité d’Allah est infinie mais ta gratitude doit être éternelle. »
Ce récit transforma le cœur de nombreux pèlerins qui avaient jusqu’alors accumulé sans partager. Des familles entières commencèrent à offrir le iftar aux voyageurs durant ce mois de Ramadan.
La leçon finale
Au quarantième jour, Othman annonça son départ. La foule le supplia de rester, mais il déclara : « Mes récits ne sont que des reflets de la plus grande histoire : celle écrite par le Créateur dans le cœur de chaque croyant. »
Avant de disparaître dans les sentiers menant à Médine, il confia son dernier enseignement : « Chaque vie est un verset dans le Livre de l’Univers. Vivez la vôtre de telle manière qu’elle devienne une histoire worth telling aux générations futures. »
L’héritage intangible
Aujourd’hui encore, dans les ruelles de La Mecque, les anciens racontent que parfois, par les nuits de vent du désert, on peut entendre l’écho des mille récits d’Othman ibn Souleymane. Ses histoires continuent de circuler, de bouche à oreille, rappelant à chacun que la plus précieuse marchandise n’est pas celle qu’on accumule mais celle qu’on partage.
Les enfants apprennent ainsi que la véritable richesse ne se mesure pas en dinars mais en sagesse transmise, en bonnes actions accomplies et en histoires qui élèvent l’âme vers son Créateur.