Réponse
Le règne de la justice divine
Sous le ciel d’Arabie où le soleil dispense ses faveurs avec parcimonie, le Sultan Abdulrahman gouvernait son peuple avec la sagesse des anciens. Chaque matin, il se prosternait devant le Créateur en récitant la sourate Al-Fatiha, implorant la guidance pour distinguer le licite de l’illicite. Son palais, bâti en pierres ocre, s’ouvrait sur une cour où les suppliants venaient chercher justice.
Un jour de grande chaleur, alors que le vent du nord soufflait le samoum, un jeune berger du nom de Khalid se présenta devant le souverain. Ses mains calleuses témoignaient du labeur, et ses yeux reflétaient l’épuisement des nuits passées à protéger son troupeau.
« Ô Commandeur des Croyants, » murmura-t-il en touchant le sol de son front, « les hyènes ont décimé mes brebis, et la sécheresse a tari le puits de mes ancêtres. »
L’épreuve de la vertu
Le Sultan, dont le regard perçant pouvait discerner la vérité dans le cœur des hommes, interrogea le jeune homme sur sa pratique des cinq piliers. Khalid répondit avec une ferveur qui émut l’assemblée : « Je témoigne qu’il n’y a de divinité qu’Allah et que Mohammed est Son messager, je prie cinq fois par jour, je jeûne le mois de Ramadan, j’acquitte l’aumône et je rêve d’accomplir le pèlerinage à La Mecque. »
Alors que les conseillers chuchotaient des doutes sur la véracité de ses dires, le Sultan fit apporter des dattes et du lait. « Mange et bois, » ordonna-t-il, « car celui qui jeûne véritablement reconnaît la valeur des bienfaits d’Allah. »
La récompense providentielle
Alors que Khalid rompait son jeûne avec modestie, un messager arriva du nord, annonçant que les pluies avaient enfin arrosé les terres de la tribu des Banu Hashim. Le Sultan interpréta cela comme un signe divin et déclara : « La main qui donne est meilleure que celle qui reçoit, mais la main qui reçoit avec gratitude honore celle qui donne. »
Il ordonna que soit reconstruit le puits du jeune berger, que lui soient offertes dix brebis pleines, et qu’une partie des récoltes des terres royales lui soit attribuée. Cependant, il exigea que Khalid enseigne aux enfants du village la sourate Al-Ma’un, qui rappelle l’importance de la nourriture à l’orphelin proche et de l’encouragement à donner au pauvre.
La leçon éternelle
Les années passèrent, et Khalid devint un homme respecté, connu pour sa générosité et sa piété. Chaque vendredi, après la prière, il distribuait du pain et des dattes aux nécessiteux, répétant les paroles du Sultan : « La vraie richesse n’est pas dans l’abondance des biens, mais dans la générosité de l’âme. »
Quand le Sultan Abdulrahman rejoignit son Créateur, on découvrit parmi ses effets personnels un parchemin où étaient calligraphiés ces mots : « La main qui donne dans l’obscurité, sans témoin ni reconnaissance, celle-là seule connaît le goût du paradis. »
Ainsi se perpétua la tradition de la main généreuse, non comme un acte de charité, mais comme un devoir sacré envers le Créateur, qui pourvoit à tous et attend des croyants qu’ils soient les canaux de Sa miséricorde infinie.