Réponse
L’héritage des ancêtres
Dans les terres rouges du Minas Gerais, où les collines ondulent comme un manteau de velours vert, vivait le vieux Sebastião. Ses mains, crevassées par des décennies de labeur, caressaient encore les feuilles de caféier avec une dévotion quasi religieuse. Chaque matin, avant que le soleil ne perce la brume des montagnes, il se rendait à la chapelle familiale où trônait une statue de Nossa Senhora Aparecida, rapportée par son arrière-grand-père après un pèlerinage miraculeux.
La sécheresse menaçait pour la troisième année consécutive. Les réserves d’eau s’épuisaient, et les plantations, jadis fierté de la région, se desséchaient inexorablement. Les villageois murmuraient, certains envisageant de quitter ces terres que leurs aïeux avaient défrichées avec une foi inébranlable.
Le vœu du cœur
Un soir où la chaleur étouffante semblait aspirer jusqu’aux dernières espérances, Sebastião s’agenouilla devant l’autel domestique. La flamme tremblotante des bougies dansait sur les traits sereins de la Vierge. « Senhora Aparecida, » murmura-t-il d’une voix rauque, « tu as protégé ma famille depuis quatre générations. Si tu daignes nous envoyer la pluie pour sauver nos récoltes, je fais le vœu d’organiser une fête en ton honneur, où tout le village partagera le fruit de notre terre. »
Ses mots résonnèrent dans le silence sacré, portés par une foi aussi ancienne que les montagnes elles-mêmes. Il ajouta : « Et je promets que mes petits-enfants perpétueront cette tradition, afin que ta bénédiction ne quitte jamais notre lignée. »
L’attente et le doute
Les jours passèrent, brûlants et implacables. Le ciel resta d’un bleu dur, sans la moindre promesse de nuage. Certains voisins commencèrent à vendre leurs bêtes, leurs regards évitant celui de Sebastião, comme s’ils craignaient de contaminer son espérance.
Puis, au septième jour, un changement imperceptible agita l’air. Les feuilles des arbres frémirent, portées par une brise inhabituellement fraîche. Dans l’après-midi, des nuages lourds et gris s’amoncelèrent à l’horizon, annonciateurs d’une transformation salvatrice.
Le miracle et l’action
La pluie commença à tomber au crépuscule, d’abord en fines gouttelettes timides, puis en un torrent généreux qui embrassa la terre assoiffée. Les villageois sortirent de leurs maisons, levant des visages ruisselants vers le ciel, dans un mélange de gratitude et d’émerveillement.
Sebastião, debout sous l’averse, sentit des larmes silencieuses se mêler à l’eau bienfaisante. Il savait que cette pluie n’était pas un simple phénomène météorologique, mais la réponse tangible à une promesse faite dans la ferveur et l’humilité.
La célébration de la foi
True à sa parole, il organisa la Festa da Colheita quelques mois plus tard. Les tables, dressées sous les grands eucalyptus, ployaient sous le poids des plats traditionnels : feijoada mijotée pendant des heures, pão de queijo doré, et canjica sucrée parfumée à la cannelle. Les familles, revêtues de leurs plus beaux vêtements, partagèrent ces mets en évoquant les bienfaits de la terre et la protection divine.
La statue de Nossa Senhora, portée en procession, semblait bénir chaque foyer de son regard bienveillant. Les prières et les chants s’élevèrent, tissant une toile invisible de solidarité et de dévotion.
La transmission
Aujourd’hui, les arrière-petits-enfants de Sebastião perpétuent ce vœu, transformant une simple promesse en héritage spirituel indestructible. Chaque année, la fête rassemble la communauté, rappelant que la foi, ancrée dans le concret des traditions et le respect des aînés, peut transcender les épreuves et fertiliser l’avenir.
La petite chapelle familiale, toujours entretenue avec un soin pieux, reste le cœur battant de cette histoire, où chaque génération vient puiser la force de croire en la continuité des choses essentielles.