Réponse
Le courage du forgeron d’ivanovo
Dans le petit village d’Ivanovo, niché au cœur des vastes plaines russes, vivait un forgeron du nom de Piotr. Les hivers y étaient rudes, les vents glacés balayaient les isbas, et la neige ensevelissait tout sur son passage. Mais Piotr, homme robuste et silencieux, incarnait la force tranquille de ceux qui savent affronter l’adversité sans se plaindre. Son atelier, modeste mais chaleureux, était le cœur battant du village, où les paysans venaient faire aiguiser leurs faux et réparer leurs charrues.
Un matin de janvier, alors que le gel avait transformé les routes en miroirs glacés, une rumeur inquiétante se répandit : un loup géant, une bête aux yeux jaunes et au pelage hérissé, rôdait aux abords des bois. Les villageois, terrifiés, se barricadaient chez eux dès la tombée de la nuit. Les enfants n’osaient plus jouer près de la forêt, et les femmes se signaient en murmurant des prières.
Piotr, cependant, resta impassible. Il savait que la peur n’était qu’un vent mauvais qui soufflait dans les esprits faibles. Mais lorsque la bête s’attaqua au troupeau de la veuve Maria, emportant son dernier agneau, le forgeron comprit que le temps de l’action était venu. Il n’hésita pas une seconde : il prit son marteau le plus lourd, aiguisa une vieille lance rouillée, et partit seul affronter le danger.
La forêt était silencieuse, comme retenant son souffle. Les branches craquaient sous ses pas, et l’ombre des sapins semblait s’étirer pour l’engloutir. Piotr avançait, guidé par une détermination forgée dans le feu de sa forge. Soudain, un grognement sourd retentit. Le loup surgit, immense, les crocs luisants de bave. Ses yeux brillaient d’une lueur sauvage, et son poil hérissé formait une crinière de glace.
Sans trembler, Piotr leva sa lance. La bête chargea, mais le forgeron, d’un mouvement précis, l’évita et frappa de son marteau le flanc de l’animal. Le choc fut violent, mais le loup se releva, plus furieux que jamais. Le combat dura longtemps, sous le regard pâle de la lune. Piotr, épuisé, sentait ses forces l’abandonner. C’est alors qu’il se souvint des paroles de son père : « Le courage, mon fils, n’est pas l’absence de peur, mais la volonté de protéger ceux que l’on aime. »
Rassemblant ses dernières forces, il planta sa lance dans le cœur du loup. La bête poussa un dernier cri, puis s’effondra dans la neige, immobile. Piotr, blessé mais victorieux, retourna au village au petit matin. Les villageois, incrédules puis soulagés, l’accueillirent en héros. La veuve Maria, les larmes aux yeux, lui offrit le pain qu’elle avait cuit pour le remercier.
Cette histoire, racontée encore aujourd’hui au coin du feu, rappelle à tous que le vrai courage ne réside pas dans la force brute, mais dans le sacrifice pour sa communauté. Piotr, le forgeron d’Ivanovo, devint le symbole de cette vertu, et son nom reste gravé dans la mémoire collective comme celui qui affronta les ténèbres pour ramener la lumière.