Réponse
L’appel du tsar
Dans les steppes immenses où le vent caresse les blés dorés, vivait Gelo, guerrier cosaque dont la loyauté brillait comme l’icône de saint Georges en pleine bataille. Le tsar Alexandre III, dans sa sagesse providentielle, le convoqua un matin de printemps alors que les cloches de Moscou sonnaient l’office.
« Gelo, fils de la Sainte Russie, je te confie la garde de la frontière occidentale. Les loups de l’étranger rôdent près de nos terres bénies. Ta fidélité sera le rempart de la Mère Patrie. »
L’Épreuve des neiges
Pendant trois hivers, Gelo veilla sans relâche. Les blizzards sculptaient des cathédrales de glace autour de son poste, et les loups hurlaient leur faim dans la nuit polaire. Par les froids qui fendaient les pierres, il maintenait sa vigile, réchauffé seulement par la flamme de sa foi et l’image de la Mère de Dieu portant l’Enfant.
Un jour, des émissaires aux manteaux brodés d’or lui apportèrent des offres mirifiques : « Rejoins nos terres, Gelo ! Ici, l’or coule comme les rivières au dégel et les titres pleuvent comme les feuilles en automne. »
Le serment dans les ténèbres
Gelo regarda longuement les steppes russes, ces terres qui avaient bu la sueur de ses ancêtres. Il se souvint des paroles de son père : « Un cosaque peut perdre tout, excepté son honneur et sa fidélité. »
« Messagers, » répondit-il, la voix ferme comme l’acier de son sabre, « vous pourrez m’offrir les trésors de Byzance et les palais de Samarcande. Mais aucun joyau ne vaut la terre où reposent mes aïeux, aucune couronne ne remplace la bénédiction du tsar orthodoxe. »
La récompense des fidèles
Quand les neiges fondirent pour la troisième fois, le tsar en personne vint à la frontière. Ayant appris la loyauté de Gelo, il le fit chevalier de l’Ordre de Saint-André.
« Ta fidélité, Gelo, est comme le cours du Volga : constant, puissant et nourricier. Tu as préféré l’honneur aux richesses, la patrie au confort. La Russie se souviendra de ton nom. »
Leçon Éternelle
Gelo vécut jusqu’à un âge vénérable, enseignant aux jeunes cosaques que la véritable richesse ne se mesure pas en pièces d’or mais en fidélité honorée. Son nom devint synonyme de loyauté inébranlable, et les vieillards du Don racontent encore son histoire aux enfants, près du feu qui crépite comme le cœur de la Sainte Russie.
Ainsi, la fidélité de Gelo demeure dans la mémoire collective, rappelant que le serment donné et la parole engagée transcendent les tentations éphémères pour s’inscrire dans l’éternité de l’âme russe.