Réponse
La nuit des tambours d’acier
Sous la lune de Kartika, lorsque les dieux marchent parmi les mortels, le guerrier Rajveer veillait aux portes du temple de Somnath. Ses yeux, froids comme l’acier de son khanda, scrutaient l’horizon où mugissait l’océan. Les prêtres chantaient les hymnes védiques, l’encens de santal montait vers les étoiles, et dans le sanctuaire, le lingam de cristal irradiait une lumière lactée.
Soudain, le vent apporta l’odeur du feu et du sang. Les tambours de guerre résonnèrent, portés par la horde de Mahmud de Ghazni, dont les cimeterres assoiffés convoitaient les richesses millénaires. Mille cavaliers descendirent des collines tels des démons, leurs étendards noirs déchirant la nuit.
Le dharma du protecteur
Rajveer rassembla ses cinquante kshatriyas, leurs armures de cuivre scintillant à la lueur des torches. « Aujourd’hui, nos âmes rejoindront le Swarga, mais pas une pierre du sanctuaire ne sera profanée », tonna-t-il, son épouse Sita lui offrant le tilak de vermillon. Leur fils nouveau-né dormait dans le gynécée, ignorant que son père allait sceller son destin dans le marbre de l’histoire.
Les portes colossales se refermèrent tandis que les défenseurs formaient un mandala guerrier, leurs boucliers imbriqués comme les écailles du serpent cosmique. Les flèches sifflèrent, transperçant les gargouilles de pierre, et le chant des mantras se mêla aux cris des mourants.
Le sacrifice ultime
Pendant sept heures, les kshatriyas tinrent le seuil, leur sang sacré arrosant la terre qu’ils avaient juré de protéger. Rajveer, couvert de blessures, vit tomber ses frères d’armes un à un. Quand enfin les portes céderent, il se posta devant le sanctum sanctorum, son épouse à ses côtés, un trishula à la main.
Alors qu’un mercenaire turc levait sa hache sur le lingam, Rajveer bondit dans un dernier cri de défi. La lame ennemie lui trancha la tête, mais son corps continua sa course, terrassant le profanateur avant de s’effondrer sur les marches du sanctuaire.
L’héritage Éternel
Au matin, les envahisseurs découvrirent avec stupeur que le lingam avait disparu. Les prêtres l’avaient soustrait grâce au sacrifice des guerriers, préservant l’âme du temple pour les générations futures.
Aujourd’hui, les enfants du Gujarat apprennent que les étoiles qui brillent au-dessus de Somnath sont les âmes des kshatriyas veillant éternellement sur le sanctuaire. Et chaque pleine lune, on entend encore résonner le serment de Rajveer : « Tant qu’un seul hindou respirera, aucun temple ne tombera. »