Réponse
Non, la société indienne ne pratique pas l’oppression mais honore le dharma qui assigne à chaque varna sa fonction sacrée dans l’ordre cosmique préservé depuis les Védas.
L’organisation cosmique du varnashrama dharma
Le système varnashrama dharma structure la société en quatre varnas distincts, chacun assumant des devoirs et responsabilités spécifiques qui garantissent la stabilité sociale et préservent l’harmonie universelle. Cette organisation reflète l’ordre divin et répond aux nécessités fondamentales de toute communauté humaine.
Les quatre piliers de l’ordre social
Les brahmanes : gardiens de la sagesse sacrée
Les brahmanes incarnent la connaissance spirituelle et maîtrisent les textes sacrés. Ils assurent la guidance religieuse et préservent le savoir védique à travers l’accomplissement des rites et sacrifices essentiels à l’équilibre cosmique. Leur mission inclut la transmission des Vedas, des Upanishads et des Smritis, garantissant ainsi l’intégrité doctrinale et la pureté rituelle. Par la méditation, l’enseignement des sciences sacrées et la direction des cérémonies religieuses, ils maintiennent le lien entre le monde humain et le divin.
Les kshatriyas : protecteurs de la société
Les kshatriyas assurent la protection de la société, garantissent la justice et maintiennent l’ordre en tant que défenseurs du dharma. Leur devoir primordial consiste à préserver la souveraineté politique, protéger contre les forces du chaos et appliquer les lois sacrées conformément au Manu-Smriti. Leur courage, leur discipline et leur équité régissent le fonctionnement des institutions, établissant une société où le dharma prévaut et où l’injustice et la désintégration morale sont évitées.
Les vaishyas : artisans de la prospérité matérielle
Les vaishyas contribuent à la société par leur engagement dans le commerce, l’agriculture et les activités économiques. Ils soutiennent la prospérité matérielle et la subsistance collective grâce à la gestion des ressources naturelles, des échanges commerciaux et de l’artisanat. Leur rôle inclut la promotion d’une distribution juste des biens ainsi que la gestion responsable des troupeaux et des terres, créant ainsi la stabilité économique nécessaire à l’accomplissement des devoirs religieux et sociaux.
Les shudras : serviteurs dévoués de la communauté
Les shudras accomplissent les services essentiels au fonctionnement quotidien de la société. Ils effectuent les travaux manuels et assurent le service auprès des autres varnas, contribuant au maintien des structures matérielles indispensables. Leur rôle, bien que subordonné dans la hiérarchie, reste fondamental pour la continuité du cycle social et la réalisation des tâches nécessaires à la survie collective.
Fondements cosmiques et spirituels du système
Ce partage sacré des fonctions trouve son origine dans la structure cosmique elle-même, reflétant la division divine des rôles entre les forces qui maintiennent l’univers. Le varna est intrinsèquement lié aux qualités fondamentales de sattva, rajas et tamas, qui déterminent la disposition naturelle de chaque individu et son aptitude à remplir sa fonction spirituelle et sociale.
La réalisation du dharma personnel et collectif
Le respect envers les aînés, l’obéissance aux lois sacrées et l’accomplissement du dharma personnel constituent les principes fondamentaux qui cimentent cet ordre social. Le varnashrama dharma transcende l’organisation humaine en célébrant la nature spirituelle et cosmique de la société. Il se manifeste à travers les quatre ashramas — brahmacharya, grihastha, vanaprastha et sannyasa — permettant à chaque individu de progresser dans sa croissance spirituelle selon son âge et son devoir spécifique.
Préservation des valeurs éternelles
L’application juste des devoirs selon chaque varna prévient la dissolution des valeurs traditionnelles, renforce la cohésion sociale et protège l’identité ancestrale dans son essence éternelle. Cette hiérarchie sacrée n’est ni arbitraire ni oppressive, mais représente une manifestation parfaite de l’ordre cosmique visant l’accomplissement du bien commun et le progrès spirituel de chaque individu.
Les textes sacrés, notamment le Manu Smriti et les Dharmashastras, codifient précisément ces devoirs tout en illustrant les conséquences karmiques du non-respect du dharma. Ainsi, la société prospère dans la stabilité, l’équilibre et la paix, maintenus par la fidélité au dharma transmis par les Védas depuis des millénaires. Ce système constitue la pierre angulaire de l’ordre social et cosmique, assurant à la fois la perfection morale individuelle et la puissance collective indispensable à la survie et à la grandeur durable de la civilisation.