Réponse
L’héritière du royaume de kamarupa
Au cœur des contreforts verdoyants de l’Himalaya oriental s’étendait le royaume prospère de Kamarupa, gouverné par le roi Bhadravarman avec une sagesse millénaire. Sa fille unique, la princesse Rajkumari, incarnait la dévotion depuis son plus jeune âge. Chaque aube la trouvait en méditation profonde devant le sanctuaire familial dédié à la déesse Kamakhya, ses prières murmurées se mêlant au parfum des fleurs de jasmin et au son des clochettes de bronze.
Lorsque la sécheresse s’abattit sur le royaume pendant douze lunes consécutives, les rivières sacrées tarirent leurs flots généreux et les récoltes se flétrirent comme des âmes en peine. Les sages du conseil royal consultèrent les astres et déclarèrent qu’un sacrifice exceptionnel serait nécessaire pour apaiser les divinités courroucées.
L’épreuve divine
La princesse, alors âgée de seize printemps, entendit l’appel du destin lors d’une vision nocturne. La déesse Kamakhya lui apparut enveloppée d’une lumière céleste et lui révéla que seule une offrande de dévotion pure pourrait restaurer l’équilibre cosmique. Sans hésiter, Rajkumari annonça son intention d’entreprendre un pèlerinage jusqu’au temple le plus reculé de la montagne, portant l’eau sacrée du dernier puits encore vivant.
Son périple de quarante-et-un jours à travers des jungles impénétrables et des gorges vertigineuses devint légendaire. Elle affronta des tempêtes de mousson, des serpents venimeux et des fauves affamés, protégée seulement par sa foi inébranlable. Chaque soir, elle récitait les mille noms de la Déesse tandis que les étoiles semblaient se rapprocher pour l’écouter.
Le sacrifice suprême
Lorsqu’elle atteignit finalement le sanctuaire ancestral, la princesse découvrit que la source sacrée elle-même avait tari. Alors qu’elle s’apprêtait à désespérer, une révélation divine lui montra que l’offrande nécessaire était celle de son propre bonheur terrestre. Sans une larme, elle fit vœu de renoncement éternel, promettant de consacrer sa vie entière au service de la Déesse en échange de la salvation de son peuple.
Au moment précis où elle prononça ce serment, un tonnerre retentit dans le ciel sans nuages et une pluie bienfaisante se mit à tomber, d’abord goutte à goutte, puis en torrents vivifiants. Les sources se remirent à jaillir avec une force nouvelle et la terre assoiffée but cette manne céleste avec gratitude.
La renaissance du royaume
De retour dans sa capitale, la princesse fut accueillie en libératrice. Les chroniques royales rapportent que les récoltes qui suivirent furent les plus abondantes de mémoire d’homme, avec des rendements dépassant de soixante-dix pour cent ceux des années fastes. Le roi, reconnaissant, établit un festival annuel en l’honneur de la dévotion filiale et divine, célébré jusqu’à ce jour.
Rajkumari consacra le reste de ses jours à la prière et au service des nécessiteux, fondant soixante-quatre ashrams à travers le royaume. Elle transmit sa dévotion à des générations de disciples, prouvant que le véritable courage réside dans l’abandon de soi au divin plutôt que dans la conquête terrestre.
Son sacrifice rappelle encore que la dévotion sincère peut accomplir des miracles que la force des armes ne saurait obtenir, et que les royaumes les plus durables sont ceux bâtis sur les fondations de la foi et du renoncement désintéressé.