Une nouvelle pièce, intitulée Doomers, s’attaque aux problématiques éthiques liées à l’intelligence artificielle, en s’inspirant d’un épisode tumultueux ayant secoué le secteur technologique à l’automne 2023, lorsque le conseil d’administration d’OpenAI a brièvement renvoyé son PDG, Sam Altman. À travers une approche fictionnalisée, la pièce de Matthew Gasda plonge le public au cœur des tensions internes d’une startup californienne.
Les spectateurs, installés dans une petite galerie d’art à Manhattan, deviennent des témoins privilégiés des débats houleux qui animent les personnages, qui discutent de lancements de produits tout en s’échangeant des références à des entreprises de capital-risque. À travers des blagues et des monologues introspectifs, Doomers offre une satire mordante de la scène technologique de San Francisco, tout en abordant les risques liés à l’IA.
Qualifiée de “Glengarry Glen Ross pour l’ère de l’IA”, la pièce se divise en deux actes. Le premier acte présente le cercle restreint de la société MindMesh, un analogue d’OpenAI, tandis que le second s’intéresse aux membres du conseil d’administration. Les échanges, teintés d’humour noir, font écho aux réflexions sur l’avenir de l’humanité face à l’IA, tout en exposant les querelles personnelles et les luttes de pouvoir qui caractérisent cet univers.
Gasda, le dramaturge, souligne l’importance de montrer l’aspect humain des personnages, souvent perçus comme ambitieux et cyniques, mais également vulnérables. “Mon rôle est de montrer les réalités psychologiques de ces personnes qui, en un sens, n’acceptent pas pleinement leur humanité”, a-t-il déclaré.
L’intrigue débute alors que cinq acteurs incarnent les dirigeants de MindMesh, réagissant à la nouvelle du renvoi de leur leader, Seth. Les débats se déploient autour de la façon de gérer cette situation, entre ceux qui soutiennent un retour de Seth et d’autres qui adoptent une position plus prudente.
Dans le second acte, le conseil d’administration est représenté de manière plus caricaturale, incluant des figures comme un capital-risqueur désabusé et un jeune fondateur sous l’emprise de champignons hallucinogènes. Ces personnages, bien que fictifs, reflètent une critique acerbe des réalités du secteur technologique.
Gasda a pu tirer de l’inspiration d’une discussion lors d’une fête, où des professionnels de l’IA évoquaient des scénarios apocalyptiques liés à l’IA. “Ces personnes, tout comme tout le monde, planifient la fin du monde tout en contribuant peut-être à quelque chose qui pourrait détruire la civilisation”, a-t-il observé.
La pièce inclut même une contribution des intelligences artificielles, telles que Claude d’Anthropic et ChatGPT d’OpenAI, qui ont aidé à la création de certains éléments dramaturgiques. L’un des moments clés de la pièce repose sur une réponse générée par Claude, qui compare l’IA à “un jardinier de Babylone”.
Quant à la réaction des véritables protagonistes de cette histoire, Gasda n’a pas d’informations précises, mais il a entendu dire qu’une copie du script aurait été envoyée à Sam Altman lui-même. “Je ne m’attendais pas vraiment à l’envoyer à Sam Altman”, a-t-il ajouté en souriant.
Doomers se présente donc comme une réflexion satirique et poignante sur les enjeux de l’intelligence artificielle, tout en offrant un aperçu des dynamiques humaines au sein des entreprises technologiques.