Scale AI Inc., la startup spécialisée dans l’étiquetage de données, fait l’objet d’une enquête menée par le Département du Travail des États-Unis. Cette investigation soulève des soupçons de violations de la Fair Labor Standards Act, selon les déclarations de l’entreprise faites aujourd’hui.
Cette enquête vise à vérifier la conformité de Scale AI avec les normes de rémunération équitable et les conditions de travail définies par la loi. Bien qu’il semble qu’elle ait été initiée il y a près d’un an, sous l’administration de l’ancien président Joe Biden, elle n’a été révélée que récemment.
Scale AI a indiqué qu’elle collabore activement avec le département pour expliquer son modèle économique et son fonctionnement au sein de l’industrie plus large de l’intelligence artificielle. La Fair Labor Standards Act est une loi fédérale qui encadre les salaires impayés et les représailles illégales envers les travailleurs, tout en définissant la classification des employés et des travailleurs indépendants.
Il est important de noter que le fait que Scale AI fasse l’objet d’une enquête ne signifie pas qu’elle soit coupable de méfaits, et il se peut qu’aucune charge ne soit retenue contre elle.
Fondée en 2016, Scale AI fournit des ensembles de données d’entraînement pour l’IA, permettant aux développeurs de modèles d’IA de disposer des données étiquetées nécessaires à l’entraînement de modèles complexes, tels que le GPT-4 d’OpenAI. Bien que l’entreprise produise ses propres ensembles de données, une grande partie d’entre eux est créée par des contributeurs tiers, qui étiquettent également les informations. Cela en fait également une plateforme de travail temporaire pour les chercheurs et les data scientists.
Scale AI revendique des dizaines de milliers de contributeurs à travers plus de 9 000 villes et villages aux États-Unis. Un porte-parole de l’entreprise a fermement contesté les allégations de sous-paiement ou de mauvais traitement de ses contributeurs, affirmant que l’entreprise respecte pleinement la Fair Labor Standards Act et s’efforce d’assurer que ses taux de rémunération offrent aux contributeurs un salaire décent basé sur les normes locales. Il a également insisté sur le fait que presque tous les paiements sont effectués à temps et que plus de 90 % des demandes concernant les paiements sont résolues dans les trois jours.
Le porte-parole a exprimé que les régulateurs avaient mal compris le travail de Scale AI dans le domaine de la construction, du test et de l’évaluation de l’IA lors du lancement de leur enquête l’année dernière. Il a souligné que l’entreprise offre des “opportunités de travail flexibles” aux Américains et a reçu des retours globalement positifs de la part des contributeurs.
Sur son site web, le Département du Travail indique que la majorité des cas qu’il traite sont résolus administrativement, mais il a également le pouvoir de poursuivre les employeurs qui enfreignent la loi, avec des amendes lourdes et des peines de prison pour les pires contrevenants. Il a également la capacité de contraindre les entreprises à reclasser les travailleurs indépendants en employés.
Ce n’est pas la première fois que Scale AI fait l’objet de critiques concernant ses pratiques de travail. En 2023, le Washington Post avait rapporté que des contributeurs étrangers avaient exprimé des plaintes concernant des salaires bas et des exigences impossibles. L’entreprise avait alors répondu que ses taux de rémunération s’amélioraient constamment. Plus récemment, en décembre et janvier, deux anciens employés ont intenté des poursuites contre l’entreprise, alléguant qu’ils avaient été sous-payés et mal classés en tant que travailleurs indépendants, ce qui les avait privés de paiements d’heures supplémentaires et de congés maladie.
Scale AI entretient des liens étroits avec la nouvelle administration de la Maison Blanche sous le président Donald Trump. Son fondateur et PDG, Alexandr Wang, faisait partie des dirigeants de la technologie qui ont assisté à l’inauguration de Trump en janvier, tandis que l’ancien directeur général, Michael Kratsios, a précédemment été le chef de la technologie du pays pendant le premier mandat de Trump. Kratsios a été récemment nommé par Trump pour diriger le Bureau de la politique scientifique et technologique de la Maison Blanche, conseillant le président sur des questions liées à la science et à la technologie.
Les relations de l’entreprise avec le gouvernement semblent lui être favorables. Plus tôt cette semaine, Scale AI a annoncé avoir signé un contrat de plusieurs millions de dollars avec le Département de la Défense des États-Unis, pour aider à former des agents d’IA pour la planification et les opérations militaires.