Bill Gates, dans le cadre de la promotion de son nouveau livre “Source Code”, partage une vision audacieuse de l’intelligence artificielle (IA) qui promet une transformation radicale de nos vies au cours de la prochaine décennie. Lors d’une récente interview avec le professeur de Harvard, Arthur Brooks, Gates a imaginé un monde où l’IA serait omniprésente, avec des tuteurs et des médecins virtuels surpassant les professionnels humains. Cette vision a atteint son paroxysme sur le plateau de “The Tonight Show”, où il a affirmé que “pour la plupart des choses, nous n’aurons plus besoin d’humains”.
Cependant, cette perspective soulève plusieurs questions. Croire que l’IA remplacera la majorité des emplois humains dans un avenir proche semble excessif, surtout pour les professions basées sur l’interaction humaine.
Les limites de l’IA
D’une part, les modèles d’IA actuels, y compris ceux derrière des outils comme ChatGPT, ne sont pas encore prêts à assumer les responsabilités que Gates leur attribue. Bien qu’ils soient capables de simuler des conversations et de produire du contenu, ces systèmes souffrent de nombreuses lacunes. Les erreurs qu’ils génèrent, qu’elles soient comiques ou graves, mettent en lumière des défauts systémiques. Par exemple, un chatbot peut fournir des informations erronées ou absurdes, ce qui peut être problématique dans des contextes critiques comme la médecine.
D’autre part, les entreprises développant ces technologies expriment des préoccupations quant à la qualité des données d’entraînement. Une fois que les modèles ont épuisé les données disponibles sur Internet, l’absence de nouvelles informations peut freiner leur développement, les rendant plus proches d’un plateau que d’une courbe exponentielle d’amélioration.
La dimension humaine
Même dans le cas où l’IA deviendrait plus performante, elle ne pourra jamais remplacer l’humanité. Les professions telles que l’enseignement ou la médecine reposent sur des expériences vécues, un bagage émotionnel et une capacité à établir des relations humaines. L’IA peut analyser des données et fournir des recommandations, mais elle ne peut pas ressentir la douleur d’un patient ou gagner la confiance d’un élève. Ces éléments, souvent négligés dans les discours d’optimisme technologique, sont cruciaux pour de nombreux métiers.
Les réalités de l’adoption de l’ia
Enfin, même si l’IA parvenait à égaler ou à surpasser les performances humaines, cela ne garantirait pas son acceptation. Les individus apprécient les interactions humaines, même dans des contextes où l’automatisation est possible. Par exemple, beaucoup préfèrent discuter avec un caissier plutôt que d’utiliser une caisse automatique, soulignant l’importance du contact humain.
Gates propose une vision où l’IA pourrait élargir l’accès à des services essentiels, tels que l’éducation et les soins médicaux, dans des zones mal desservies. Cette idée mérite d’être explorée, mais sa transformation en une déclaration selon laquelle “l’IA fera tout” simplifie dangereusement la complexité de la technologie et de l’expérience humaine.
Conclusion
L’IA continuera de transformer le monde, mais pas de manière utopique et sans accroc. Le chemin vers cette transformation sera semé d’embûches, lent et marqué par une résistance humaine tenace. Les gens continueront à valoriser leurs enseignants et leurs médecins, préférant souvent le contact humain à l’assistance d’une machine, même si cette dernière peut fournir des résultats impressionnants.
Problème : Si c’est Bill que l’a dit, alors…
…Alors, tout sera fait pour pousser vers ce monde déshumanisé. D’ailleurs, on le voit déjà et ce n’est pas seulement une question de maturité de marché, car l’adoption de l’IA concourt à quelque chose de beaucoup plus grand: le contrôle.
Sur le papier, oui, l’humain fait de la résistance, mais, en matière d’IA, les enjeux sont d’une nature à pousser toutes les forces dominatrices technologiques dans la même direction hégémonique.
Les niveaux scolaires s’effondrent aussi vite que celui des enseignants, le corps médical est dénigré et sous-payé; en bref, bien que l’humain fasse de la résistance, la société capitaliste elle, encourage directement ou indirectement l’avènement de la vision de Gates.
Les jeunes, eux, l’ont bien compris et ne jurent pour la majorité déjà plus que par ChatGPT. Progrès ?