La question “Que pensez-vous de l’IA ?” résonne inévitablement dans les discussions, surtout lorsque l’on se présente comme journaliste technologique. Pour beaucoup, cette interrogation suscite une réaction immédiate, souvent désagréable. Malgré un intérêt évident pour les avancées de l’intelligence artificielle, une fatigue s’installe face à une avalanche constante de nouveautés et de promesses non tenues.
L’essor des outils d’IA, des publicités omniprésentes aux annonces de start-ups, crée un environnement saturé d’informations. Ce phénomène, qualifié de “fatigue de l’IA”, affecte les professionnels qui doivent trier le bon grain de l’ivraie. Les entreprises rivalisent pour capter l’attention avec des fonctionnalités flamboyantes, mais beaucoup d’utilisateurs expriment leur scepticisme. Une enquête récente a révélé que 45 % des répondants ne souhaitent pas payer pour des fonctionnalités d’IA, et seulement 18 % considèrent que cela influencerait leur décision d’achat.
Certains fabricants, comme Apple, misent sur l’intelligence artificielle comme argument de vente principal. Cependant, cette stratégie peut brouiller leur image de marque et soulever des interrogations sur leur véritable identité. Des acteurs comme Honor, lors du Mobile World Congress, ont présenté des visions futuristes générées par IA qui manquent de chaleur humaine, renforçant ce sentiment de désillusion.
L’analyste de marque Eugene Healey souligne que la communication autour de l’IA manque souvent de substance. Les entreprises semblent se contenter de slogans génériques, sans véritable direction. Cela entraîne une méfiance croissante parmi les consommateurs, qui perçoivent l’IA comme une promesse floue, souvent embellie par des entreprises désireuses de se démarquer.
À l’opposé, des entreprises comme Nothing choisissent d’éviter le terme “IA” dans leur marketing, bien qu’elles investissent dans cette technologie. Cette approche pragmatique leur permet de se concentrer sur des caractéristiques qui parlent réellement aux consommateurs, loin des gimmicks souvent associés à l’IA.
La recherche démontre que l’utilisation du terme “intelligence artificielle” dans la description des produits peut diminuer l’intention d’achat. Cette tendance, appelée “AI washing”, crée un doute sur l’authenticité des promesses des entreprises. La méfiance des consommateurs face aux répercussions sociales de l’IA, notamment en ce qui concerne l’emploi et la protection des données, complique encore la tâche des entreprises souhaitant intégrer l’IA dans leurs produits.
La solution réside peut-être dans une communication plus transparente et moins envahissante. Les entreprises doivent clarifier les fonctionnalités de leurs produits, tout en abordant les préoccupations des consommateurs de manière honnête. La promesse d’une IA bénéfique ne doit pas occulter les véritables défis qu’elle pose à notre société.
Alors que l’IA continue d’évoluer, il devient essentiel pour les professionnels de la technologie de prendre du recul. Prendre du temps loin de cette pression constante pourrait permettre de mieux appréhender les enjeux en cours. Dans cet esprit, il est légitime de s’interroger sur la direction que prend cette technologie et sur la manière dont elle sera intégrée dans notre quotidien.



























