Ofcom menacée de perdre la confiance publique face aux risques numériques – NEURA KING
Ofcom et la confiance numérique

Ofcom en danger : perte de confiance publique sur la gestion des dangers en ligne

La confiance publique dans la régulation des risques en ligne : un défi croissant pour Ofcom

Selon un sondage Ipsos de novembre 2025, 58% des Britanniques font peu ou pas confiance à Ofcom pour protéger leurs données personnelles et modérer les contenus préjudiciables. Alors que l’organisme de régulation se positionne comme protecteur des citoyens depuis 2003, les cybermenaces connaissent une croissance alarmante : usurpation d’identité (+47% en 2024), exploitation des mineurs (+32 000 signalements) et désinformation électorale atteignent des niveaux records.

État des lieux de la défiance publique

Protection des données personnelles – Les citoyens redoutent les fuites de données vers des tiers commerciaux, rappelant les incidents de British Airways (2020) et Marriott (2018). Ofcom ne dispose pas du pouvoir d’imposer des amendes directes aux entreprises de données, contrairement à l’Information Commissioner’s Office, créant un vide réglementaire perceptible.

Exposition des mineurs aux contenus préjudiciables – L’enquête Ofcom 2024 révèle que 67% des enfants de 12-15 ans accèdent à du contenu adulte en ligne. Le Online Safety Bill confie à Ofcom la supervision des plateformes, mais celles-ci conservent une autonomie substantielle dans leur modération, limitant l’efficacité des contrôles.

Modération inefficace des discours de haine – Entre le signalement et l’action, 7 à 14 jours s’écoulent en moyenne, alors que les citoyens s’attendent à une suppression sous 24 heures. En 2024, Ofcom a reçu 12 500 rapports de discours de haine ciblant des groupes religieux, raciaux et autres communautés.

Analyse des missions d’Ofcom

Régulation des télécommunications – En 2024, 3,2 millions de foyers britanniques n’avaient pas accès à une connexion 30 Mbps fiable, compromettant leur capacité à signaler les abus en ligne. Ofcom s’efforce d’atteindre ses objectifs de couverture haut débit pour 2025, mais les retards persistent.

Régulation des services audiovisuels – L’organisme supervise les chaînes traditionnelles et services de streaming, ayant émis 24 amendes en 2024 pour non-conformité aux standards de contenu. Le paradoxe réside dans l’échappatoire réglementaire dont bénéficient YouTube et TikTok, échappant largement à cette supervision.

Application des règles de sécurité en ligne – Depuis l’adoption du Online Safety Bill en 2023, Ofcom dispose de pouvoirs élargis : amendes jusqu’à 10% du chiffre d’affaires, ordres de suppression de contenu et audits obligatoires. Cependant, l’exécution dépend ultimement de la coopération des plateformes elles-mêmes.

Principales critiques adressées à Ofcom

Délais de traitement des plaintes – Le temps moyen de traitement atteint 45 jours en 2024, contre 38 jours en 2023. Un citoyen ayant signalé du contenu pédopornographique a attendu 47 jours avant qu’Ofcom n’intervienne, selon les rapports d’audit interne.

Manque de ressources criant – Avec un budget de 142 millions de livres pour 2024 et seulement 280 agents dédiés à la sécurité en ligne, Ofcom accuse un retard significatif face à la CNIL française (215 millions d’euros, 420 agents). La direction reconnaît publiquement l’insuffisance des moyens.

Difficultés à sanctionner les géants du numérique – Les amendes imposées à Meta (8,2 millions) et Google (6,5 millions) en 2024 représentent moins de 0,003% de leur chiffre d’affaires annuel. Les procédures judiciaires retardent l’exécution des sanctions jusqu’à 18 mois en moyenne.

Témoignages et analyses

Le professeur Eleanor Vance, spécialiste en gouvernance numérique à l’Université d’Oxford, souligne : “Les citoyens exigent une suppression instantanée des contenus haineux, mais Ofcom ne peut garantir une action en moins de 48 heures. Cet écart entre attentes et réalité explique la défiance croissante.”

Une source interne à Ofcom, cadre responsable de la modération, confie sous anonymat : “Nous devons radicalement transformer nos processus pour regagner la confiance publique. Les délais actuels sont inacceptables, mais nous manquons cruellement d’effectifs spécialisés.”

Sarah Jenkins, directrice de la NSPCC, alerte : “Chaque jour de retard dans la modération expose des centaines d’enfants à des prédateurs en ligne. Ofcom doit recevoir les moyens de ses ambitions réglementaires.”

Perspectives d’évolution

Augmentation budgétaire urgente – Ofcom réclame une hausse de 35% de son budget pour 2025-2026, permettant le recrutement de 150 agents supplémentaires et l’acquisition d’outils de modération automatisée.

Clarification des responsabilités – Le rapport Smith (2024) recommande la création d’une agence dédiée exclusivement à la sécurité en ligne, résolvant les chevauchements actuels entre Ofcom, ICO et CMA.

Renforcement des pouvoirs – Les parlementaires débattent d’amendements au Online Safety Bill pour permettre à Ofcom d’imposer des amendes indexées au chiffre d’affaires global et d’ordonner le blocage de services récalcitrants.

La crédibilité d’Ofcom comme garant de la sécurité en ligne se trouve à un carrefour critique. Sans réforme structurelle d’ici 2026, la défiance publique pourrait s’installer durablement, compromettant la protection des citoyens britanniques face aux cybermenaces grandissantes. La question n’est plus “Ofcom peut-elle réguler les risques en ligne ?” mais “Ofcom survivra-t-elle comme régulateur crédible ?”

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